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  • Photo du rédacteurRodolfo Robatti

Valorisation des Huiles Végétales Usagées


La fabrication de biocarburant à base d’huiles végétales usagées, est un moyen pour recycler, à moindre coût et avec un impact mesuré sur l’environnement, les huiles de toutes provenances pourvu qu’elle soient végétales. La mise en place d’un réseau de restaurants, cantines scolaires et particuliers se situant à proximité de notre entreprise nous permettait de récolter ce précieux « déchet » sans avoir besoin de parcourir de grandes distances. De plus, le stockage, la filtration et la station de distribution, étaient aussi localisés à proximité du parc des véhicules ce qui réduisait au minimum les distances parcourues pour accomplir toutes ces tâches. Il faut savoir qu’un moteur Diesel qui tourne avec de l’huile végétale pure, ne rejette dans l’atmosphère que du Dioxyde de carbone (CO2)...les plantes, à l’origine de l’huile, ont transformé du CO2 en oxygène (O2) pendant leur croissance, ce qui équilibre de fait l’empreinte carbone.


Cette « aventure » qui a duré six bonnes années, a débuté en 2006 par la modification

d’un véhicule d’entreprise, afin qu’il puisse rouler avec 100 % d’huile végétale. Les

autres véhicules de l’entreprise étant alimentés avec du gasoil (Diesel), auquel nous ajoutions 25 % d’huile végétale filtrée de notre production. Nous utilisions le véhicule ainsi transformé, un Pick-up Diesel, autant pour les dépannages urgents que pour les livraisons de matériel. Je l’utilisais aussi comme véhicule de fonction pour me déplacer chez les clients et la journée de travail terminée il devenait mon véhicule privé. Inutile de dire qu’avec

150’000 kilomètres parcourus en six ans ce véhicule a été un vrai banc d’expérimentations. Le constat, corroboré par les partages d’autres conducteurs de véhicules de ce type, est sans ambiguïté. Utiliser de l’huile végétale usagée pour faire tourner un moteur Diesel n’endommage pas ce dernier. C’est peut-être même le contraire qui se produit vu le haut degré de lubrification qu’apporte un tel carburant. Consommation et puissance du

moteur ne sont pas plus affectées par l’utilisation de ce procédé. Reste que ce genre de transformation n’est pas adaptée pour tous les véhicules et que les plus récents ont atteint un degré de sophistication tel, qu’il ne consent plus l’utilisation de ce genre de carburant.




L’odeur de friture des gaz d’échappement était perçue parfois comme une nuisance, mais elle est, de mon point de vue, largement contrebalancée par la diminution du degré de nocivité de tels gaz pour le milieu, et pour ceux qui les inspirent. De plus un déchet est hautement revalorisé, et chaque litre utilisé permet de faire l’économie d’un litre de gasoil ainsi que la pollution qui en découle.

Pour ce qui concerne le processus de fabrication, aucune rupture avec la philosophie du départ de ce projet : récipients pour la récolte et citernes de stockage récupérés chez divers fournisseurs, qui sinon les auraient jetés. Nous fabriquions les filtres avec des habits usagés en coton et les parties inutilisées de ces mêmes habits nous servaient encore de chiffons. Pour la partie plus technique : les modifications du véhicule, j’avais fais appel à un ami dont les diverses aptitudes en faisaient la personne idéale pour effectuer toutes ces modifications.


En effet, pour que la mutation se produise il a fallu intégrer des nouveaux éléments dans la partie moteur, effectuer des modifications sur la carrosserie, créer des nouveaux circuits de fluides mais aussi incorporer des filtres, des témoins lumineux et des connexions électriques. De plus, Nicolas, ce dit ami, complétait cette palette impressionnante de compétences par une grande expérience en la matière, car il avait déjà modifié ainsi plusieurs véhicules et roulait depuis longtemps avec son propre véhicule modifié. Toute la chaîne, depuis la création des réseaux de récupération d’huiles jusqu’au recyclage de la partie non valorisable, environ 0,1 % de la masse totale traitée, avait été effectuée, autorisations incluses, en moins de 30 jours.


Les leçons que j’ai tiré de cette entreprise qui s’est achevée au début de l’année 2013, sont multiples. Elles sont d’abord humaines...cela m’a permis de connaître des personnes admirables, ce qui malheureusement est devenu la denrée rare dans nos sociétés individualistes, où beaucoup de citoyens entretiennent la fiction de la pleine puissance individuelle, au détriment de l’action collective. Je m’étais lancé dans ce projet alors que j’ignorais tout des process nécessaires à la mise en place et au fonctionnement de cette activité. Séduit instantanément par ce concept il ne m’aura cependant pas fallu 24 heures pour me lancer sur cette voie, et mettre en place les premiers jalons de cette conversion. Après 6 ans d’activité il ne m’aura fallu que quelques minutes pour prendre la décision de tout arrêter et passer le flambeau à un collègue vivement intéressé par la reprise de cette activité.


Il faut, en vue de la connaissance, savoir utiliser ce courant intérieur qui nous porte vers

une chose, et à son tour, celui qui, après un temps, nous en éloigne. FN






Texte et Images : Rodolfo Robatti


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